Gilbert Ouellette
Les industries créatives : la diversité à apprivoiser

Pour le moins, lorsque l’on parle des industries créatives, on réfère nécessairement à un florilège de réalités, autant sur le plan de la création que du strict point de vue des affaires.
Ma participation récente à la 10e édition des prix NUMIX, présentés par Xn Québec, m’a encore une fois fait réaliser la grande diversité de cette industrie associée à la créativité, quelle soit numérique ou autres.
La remise de 26 prix, dans six grandes catégories, exprime bien cette forme de dispersion apparente que sont les industries créatives. Sur les quelque 500 personnes sur place à l’Olympia à Montréal, plusieurs sont des habitués (et j’en suis certainement), mais beaucoup d’autres ne font que « passer » au gré du dépôt d’une pièce en compétition.
Et je ne parle pas simplement des nombreux artisans qui ont participé à l’une des productions nommées ou récompensées. Je réfère surtout aux entrepreneurs et dirigeants des sociétés qui font (ou devraient) faire partie de cet écosystème.
Selon la dernière étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, dévoilée en novembre 2018, on ne compte pas moins de 20 000 entreprises au sein des industries créatives à Montréal, lesquelles emploient plus 100 000 personnes et génèrent plus de 9 G$ de chiffre d’affaires.
D’un autre côté, le dévoilement récent du Premier profil de l’industrie de la créativité numérique du Québec, présenté par Xn Québec, l’Alliance numérique et la COOP La Guilde, établi la contribution de ce secteur à l’économie québécoise à 1,2 G$.
Pour ce profil, comme pour celui de la CCMM, le défi préalable a certainement été de bien circonscrire les domaines d’activités que l’on veut étudier et mettre de l’avant. Sans entrer dans un comparatif exhaustif des divers secteurs retenus par chacun, le moins que l’on puisse dire est que, d’un côté comme de l’autre, l’on fait affaire à une bonne diversité de genre et de profil.
Pour l’étude Xn, plus de quinze sous-secteurs ont été considérés. Alors que pour la CCMM, on parle de huit grandes familles de pratique qui, dans certains cas, sont relativement éloignées de la créativité numérique, dont par exemple : l’architecture et le design, les arts de la scène, les arts visuels ou la mode.
Mais peu importe, on parle d’industries et d’entreprises dont la créativité est au cœur des produits et services offerts. Sur le plan local, ça peut donc parfois paraître un peu échevelé comme rapprochement entre secteurs. Au niveau international toutefois, le fait que l’on puisse associer Montréal à ce type d’activités est certainement un atout de positionnement.
Tous les moyens sont bons
Reste qu’il y a encore beaucoup de liens à faire, des points d’ancrage à réunir pour faire des industries créatives un pôle de développement et de rayonnement à part entière.
En ce sens, il faut déjà souligner le formidable travail que fait Xn Québec (et en partisan de la bonne gouvernance que je suis, je déclare mon conflit d’intérêt, étant secrétaire-trésorier de l’association). Que ce soit par les prix NUMIX, visant à faire reconnaître l’excellence des contenus numériques, les divers événements de réseautage et de réflexion (Tournée Xn, Forum Xn, etc.) et autres activités de représentation.
Toutefois, dans un contexte de « batailles de tranchées » pour exporter notre savoir-faire et développer de véritables réflexes d’affaires chez certaines de nos entreprises, tous les moyens sont bons pour gagner du terrain.
C’est pourquoi a notamment été imaginé Créabiz, le cercle d’affaires pour les industries créatives. L’objectif n’est pas de dédoubler le travail que font déjà les associations, incubateurs, accélérateurs et autres.
Il s’agit plutôt, à terme, d’ajouter une dimension business claire à ce secteur en pleine définition. Ainsi, de façon simple et agile, nos champions et championnes pourront partager des informations pertinentes et participer à l’établissement d’un tronc commun d’intelligence d’affaires, profitable pour tous les intervenant(e)s de l’écosystème.
En ayant conscience de qui nous sommes collectivement et des moyens à notre disposition, au chapitre de l’entreprenariat et du développement d’affaires, certainement que l’on pourra mieux contribuer à l’essor des industries créatives sur le plan local et international…